Au fil des années, le travail a évolué. Il y a eu une transformation et non des moindres de l’organisation du monde du travail aboutissant à l’émergence de nouveau maux dont l’épuisement professionnel. Le syndrome d’épuisement professionnel ou encore appelé burn out rentre dans la grande famille des risques psychosociaux. Il a fait l’objet de plusieurs définitions au fil des années et il n’existe pas de consensus en termes de définition. Nous verrons dans cet article les bases de l’épuisement professionnel afin d’essayer de l’expliquer et ses manifestations.
Le burn out peut être défini comme un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. » Même si l’on évoque souvent le syndrome d’épuisement professionnel par rapport au monde du travail « classique », n’oublions pas que le burn out maternel existe également. Être mère au foyer est un travail (mais beaucoup semblent l’oublier) alors que dire des femmes qui combinent leur rôle de maman et qui ont en plus une autre activité salariée.
Les travaux de Christina Maslach, psychologue sociale ont permis de mettre en évidence 3 grandes dimensions de l’épuisement professionnel :
L’épuisement professionnel se traduit par un épuisement émotionnel, psychique et physique. La personne se sent littéralement « vidée ».
La seconde dimension est le cynisme vis-à-vis du travail. La personne devient négative, se détache, se désengage de son travail ou encore de ses collègues de travail. Il s’agit en quelque sorte d’une réaction d’auto-défense.
La personne souffrant d’épuisement professionnel perd confiance en elle, se dévalorise.
En résumé, dans l’épuisement professionnel, tout s’épuise :
Le burn out est de diagnostic difficile. Une personne épuisée ne va pas s’en apercevoir (dans la majorité des cas jusqu’à ce que cela soit trop tard), c’est son entourage qui va s’en rendre compte en premier lieu. Elle va même avoir tendance à nier son état. C’est pour ça que quand je reçois un patient qui me dit « Docteur, je fais un burn out », je sais déjà à 99% que mon diagnostic final ne sera pas un burn out !
Un type de personnalité est plus à risque de développer un burn out. Ce sont plutôt les personnes meneuses, surinvesties, qui se donne perpétuellement des défis, les perfectionnistes, les personnes à tendance hyperactive ou encore qui ont des difficultés à gérer leur stress. Ce sont des altruistes. Toutes les professions peuvent amener à un burn out mais il y a des professions particulièrement à risque comme tous les métiers de soignants, d’aide à la personne etc. Les personnes ayant des antécédents de dépression sont également plus à risque.
Un certain nombre de caractéristiques jouent un rôle dans la genèse du burn out comme :
1) Les manifestations émotionnelles
Elles peuvent être :
2) Les manifestations physiques
Elles sont assez fréquentes et elles sont à type de :
3) Les manifestations cognitives
Le burn out a également des conséquences sur les capacités intellectuelles de l’épuisé et peut entraîner par exemple :
4) Les manifestations comportementales
Celles-ci peuvent être :
5) Les manifestations motivationnelles
Attention, plusieurs maladies psychologiques peuvent être prises pour un burn out à tort. Nous aborderons deux principaux diagnostics différentiels : la dépression et le workaholisme ou l’addiction au travail.
Ce qui permet de distinguer dépression et burn out est que le burn out s’exprime en premier lieu dans la sphère professionnelle et pourra secondairement avoir des conséquences sur les autres sphères s’il n’est pas diagnostiqué et soigné à temps. La dépression, elle, s’exprime dans toutes les sphères et nécessite donc une prise en charge plus globale. La distinction n’est pas toujours aisée d’autant plus qu’un burn out peut se compliquer d’une dépression.
La personne dépendante au travail se surinvestit également sauf qu’il ne s’agit pas d’une demande de la hiérarchie. Ce sont eux-mêmes qui s’infligent ces heures supplémentaires et qui font toujours plus que ce qu’on leur demande. Les causes sont différentes mais peuvent aboutir à la même conséquence : l’épuisement.
Il y a les facteurs liés au travail d’une part et les facteurs liés à l’individu que nous avons vu précédemment d’autre part. Les différents facteurs de risque de burn out liés au travail sont les suivants :
Elles se traduisent par des délais ou des objectifs irréalistes ou encore flous, une surcharge de travail, des heures supplémentaires trop importantes, des interruptions de tâches fréquentes etc.
Certaines professions sont plus à risque comme les professionnels de la santé. Certaines situations sont plus éprouvantes émotionnellement comme le contact difficile avec le public pouvant entraîner parfois des violences verbales ou encore physiques ou encore le fait de devoir montrer des émotions en contradiction avec ce qu’on ressent réellement.
Le manque d’autonomie, des délais non raisonnables ou encore des contraintes de temps sont d’autant de facteurs de risque.
Comme l’existence de violences entre collègues ou encore entre salariés et hiérarchie. Mais cela peut également être un manque d’encadrement, des consignes floues, le manque de solidarité entre collègues, le manque de reconnaissance du travail etc.
Pour les conflits de valeur, l’exemple du banquier en est un bon. Admettons qu’un banquier ait des objectifs chiffrés. Il doit écouler tant de contrats de crédits par mois. Pour y arriver, il devra en proposer presque à tous ses clients y compris ceux qui n’en ont pas besoin et même à des clients à qui ça pourrait être délétère (risque d’endettement etc.). Les gens sans scrupule y arriveront mais chez un banquier pour qui ça rentre en conflit avec ses valeurs, il se retrouve dans une véritable impasse.
Il y a aussi le fait d’avoir l’impression d’être inutile au travail, de ne pas trouver de sens à son travail.
Parfois des salariés restent en poste malgré une souffrance de par la situation socio-économique actuelle. Ils ont peur de perdre leur emploi. Ceci constitue un facteur de risque de burn out à part entière également.
Le meilleur traitement est le traitement préventif. Comme le dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir. La prévention du burn out passe par l’action sur les facteurs de risque pré-cités et également par le dépistage des situations à risque.
Il s’agit d’un côté de prévenir de façon collective les situations à risque par les entreprises, les managers, de veiller à une bonne organisation du travail etc. Et de l’autre côté, de faire de la prévention individuelle en permettant à chaque personne de mieux gérer son stress, d’augmenter sa résistance au stress et sa capacité de recul, d’apprendre aux personnes à risque à délimiter sphère professionnelle et sphère privée, leur apprendre à s’arrêter et d’avoir un temps pour tout.
Une fois la maladie installée, la prise en charge comporte 4 axes principaux :
Vous l’aurez compris la prévention prime en matière de burn out. Une fois-là, le traitement est plurifactoriel et complexe à la fois sur l’environnement professionnel et sur le malade.
Ouvrage sur le sujet :