Mar 17
educamus nature

« Une série de portraits sur des personnes engagées dans l’écologie ou encore sur des initiatives allant dans ce sens seront publiés sur le blog. Pour continuer cette série qui je l’espère vous permettra de découvrir ou redécouvrir des initiatives écologiques dans plusieurs domaines, c’est Johanna d’Educamus Nature qui a répondu à nos questions.

L’initiative écolo de Johanna d’Educamus Nature

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Salem aleykoum, bonjour, je m’appelle Johanna et je suis maman de 3 enfants, auxiliaire de puériculture de métier. Je suis retournée vivre dans ma campagne natale il y a 5 ans. Je suis proche de la nature depuis toute petite, mes parents, même lorsque nous habitions en ville, ont toujours facilité notre contact avec elle, au travers de randonnées hebdomadaires ou de travaux quotidiens au jardin. De plus, ils m’ont inscrit chez les scouts très jeune, ce qui prolongeait parfaitement l’éducation que je recevais à la maison. Ma maman était formatrice en environnement, donc j’ai grandi dans ces valeurs écologistes. Manger bio, les médecines douces, et faire attention à notre planète, je connais ça depuis toujours. Donc pour moi, il était évident, et encore plus une fois convertie, que ma famille devait vivre dans un milieu sain proche de la Terre, pas dans le béton et la pollution.

Pouvez-vous expliquer votre manière de participer à la préservation de l’environnement à votre échelle individuelle ?

J’essaye surtout de réduire un maximum notre consommation de produits industriels, j’aime aller chercher mon plateau d’œufs chaque semaine chez mon éleveur du coin et au marché pour acheter mes légumes bio à un petit producteur qui se trouve à 5 km à peine de chez nous. J’apprécie le lien qui se crée avec ces personnes qui ont toujours un petit quelque chose à nous apprendre sur la faune et la flore. Sans parler de la joie de voir les animaux de près à chaque visite. Nous ne consommons plus de viande depuis 2 ans mais c’est un choix parce que le halal est de mauvaise qualité ici et vient de loin donc implique une empreinte carbone élevée, et sincèrement nous nous en portons bien mieux niveau santé.

Pouvez-vous présenter votre initiative écolo ? Quel a été le déclic de cette prise de conscience écolo ?

Ma page Educamus Nature est née le 31 Décembre 2016 à la suite d’une réflexion que j’ai eu en voyant que les enfants citadins de mes amies qui venaient me rendre visite semblaient totalement déconnectés de la nature à mon grand regret, ne savaient pas s’émerveiller devant elle et en faisaient même parfois un rejet, au prise avec les odeurs ou l’éloignement des commodités de la ville, sans parler du manque d’efforts consentis pour aller s’y balader. Et je me suis dit que ce constat était grave car ces enfants grandissent loin de la proximité avec Allah qu’offre la nature.

J’ai bien sûr élargi ma cible à tous les âges et ma part de colibris s’est petit à petit dessinée. Je voulais relayer les infos et activités invitant à recréer du lien avec la nature en faisant un pont entre les initiatives qui sont déjà existantes dans la société et notre communauté. Cette dernière n’en est qu’à ses débuts de retour au naturel et à l’essentiel, au mode de vie pour lequel Allah nous a créé que nous avons oublié depuis plus de 50 ans et nous devons absolument nous ouvrir à ceux dont les réflexions sont déjà bien avancées.

De là, mon implication au sein de L’îlot des Combes, premier Eco-lieu créé avec des musulmans, Oasis du Mouvement Colibris et situé au Creusot, est devenue au fil des mois évidente pour devenir ma principale activité bénévole en tant que coordinatrice de la communication. Cette structure offre une possibilité d’expérimenter une autre manière de vivre plus saine et porteuse des valeurs qui nous animent et qui accueille un public ouvert, de tous horizons.

Puis gravitent autour de cela des actions et des rapprochements avec l’Union Française des Consommateurs Musulmans, Green Heaven, la page FB Permaculteurs Musulmans et Ecomuslim en Belgique dont les objectifs sont d’informer, de sensibiliser à l’urgence et la nécessité de repenser notre manière de vivre et de consommer, et de soutenir les projets naissant afin de donner confiance en notre capacité d’évolution.

Le lien à la nature doit faire partie de notre quotidien pour prendre conscience de l’importance du dépôt que Dieu nous a donné, augmenter notre degré de foi et de responsabilité. Chacun, nous devons faire notre part pour prendre soin de la Terre, des animaux, de la biodiversité et de nous-même en fait.

A l’échelle collective, j’aimerai aussi faire passer l’idée que le retour aux vraies valeurs humaines, telles que le définit l’Islam, associé aux principes de la permaculture, souvent mal compris dans leur ensemble, sont une formidable occasion pour les musulmans de se mêler aux initiatives qui se développent aux 4 coins de notre belle France et de créer du lien avec le monde extérieur à la communauté. La recherche d’un mieux-vivre doit se faire tous ensemble et les musulmans doivent montrer qu’ils se sentent concernés et partis prenant. C’est le meilleur moyen selon moi de faire tomber les à priori, se retrouver sur un terrain d’entente où on ne nous attends pas forcément, de partager avec ceux qui n’ont certes peut-être pas la même croyance que nous mais qui ont la même volonté d’œuvrer pour préserver le bien-être du vivant. Quel merveilleux moyen de nous rassembler, quand on fait tout pour nous diviser, résistons et unissons-nous. Nous serons toujours d’accord sur le fait que la nature apporte apaisement, émerveillement et mieux-être, et que sa préservation s’impose à nous comme un devoir.

Quel est pour vous le principal frein à une consommation plus saine à l’échelle individuelle et collective ?

Les freins selon moi, ils sont intellectuels et émotionnels ; et représentent toujours de fausses idées reçues, mêlées de peurs. Je ne vais pas les citer car on les connaît tous et cela ne ferait que les renforcer pour ceux qui hésitent encore. Mais, mon père me disait toujours enfant que « quand on veut, on peut », et malheureusement parfois, seule la volonté fait défaut. Une fois qu’elle est enclenchée, le processus de changement peut commencer et faire son chemin. Il y a assez de sites et d’informations qui circulent sur le net maintenant pour aider ceux qui le veulent à modifier leurs habitudes de consommation et qui expliquent parfaitement tous les avantages qui en découlent.

Que souhaitez-vous dire aux lecteurs pour les motiver à mieux consommer ?

Pour opérer des changements dans son mode de vie, le maître mot selon moi, et je ne cesserai de le répéter, c’est de se donner du temps. Chacun à son rythme ! C’est indispensable si l’on veut réellement évoluer sur le long terme. Ce n’est pas du jour au lendemain que l’on se met au tout bio, parce que cela implique un changement de manière de manger, de cuisiner, de choix de produits, moins raffinés, plus locaux et de saison, etc… Donc cela n’est pas juste une comparaison entre 2 caddies avec exactement les mêmes produits l’un bio l’autre non, et heureusement sinon effectivement l’addition serait salée.

Et pour chaque changement c’est pareil, le lien avec la nature se refait progressivement, vous n’allez pas tout lâcher du jour au lendemain pour aller élever des vaches charolaises dans le Morvan ; sauf pour ceux qui le souhaitent « Bismillah ! ».

Lorsque l’on prend conscience de nos travers de consommateurs, on veut souvent tout changer mais il faut savoir prendre son temps et le faire progressivement, déjà pour ne pas risquer de laisser derrière soi ses proches qui auront du mal à suivre. Il faut ensuite savoir ajuster ce qui peut être assimilé rapidement et ce qui doit mettre plus de temps. On a le droit aussi de ne pas vouloir changer certaines choses, comme de continuer à acheter les super bons gâteaux machins hyper chimico-sucrés qu’on mange depuis petit et qu’on a du mal à quitter.. :-). Mais même ceux-là, au bout d’un moment je vous assure, qu’on arrive plus à les manger parce qu’on a l’impression qu’on s’engouffre la moitié de la boite de sucres en morceaux, tellement on se déshabitue sans s’en rendre compte. Je pense qu’on peut se dire que c’est comme la foi, il n’y a jamais de fin à l’évolution, cela dure toute sa vie avec des hauts des bas, mais toujours en avançant.

Et le changement, cela passe aussi par réapprendre à fabriquer et produire nous-mêmes notre subsistance; nous réapproprier les techniques ancestrales en les mettant au goût du jour, dans tous les domaines. Donc cela comporte une part de formation nécessaire et judicieuse, et il y a de plus en plus d’initiatives pour se faire, j’en relaye chaque jour sur ma page.

De là, je fais le parallèle avec nos enfants et la permaculture : nous avons le devoir de leur donner le goût d’apprendre à utiliser les systèmes qu’Allah a mis à notre disposition dans la nature, à les faire fructifier pour leur besoin de subsistance ; afin de leur permettre d’acquérir l’autonomie nécessaire pour viser l’auto-suffisance. Cela va vite devenir indispensable dans le monde dans lequel ils risquent d’évoluer. Il faut donc que nous fassions profiter nos enfants de nos prises de conscience en intégrant ces valeurs à leur éducation et en les faisant participer à toute activité qui faciliterait leur apprentissage, comme ce que propose le mouvement récent des Scouts Permaculteurs de France et surtout avoir une réelle réflexion sur leur orientation scolaire.

Allah ne change pas l’état d’un peuple tant que ce dernier ne décide de se changer lui-même, alors qu’attendons- nous ? Le premier pas est souvent le plus difficile à franchir mais après on se prends très vite au jeu. Surtout ne pas se mettre de pression.

Qu’Allah nous facilite à tous de retrouver la sobriété heureuse qui permet de découvrir que la qualité est bien plus enrichissante que la quantité et qu’en se détachant du matériel, on crée du lien sain avec Notre Créateur, notre environnement et avec les autres êtres vivants.

Merci à Consomouslim.

Signé un petit colibri qui tente de faire sa part ?.

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(2) comments

Nabil 18 mars 2018

Aleikoum Salam

C’est cool d’avoir des nouvelles de notre soeur johanna depuis les permacultures.
Qu’Allah récompense ton action en faveur de sa création

Kalame

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    johanna 24 avril 2019

    Amin Nabil . De même pour la tienne. Jazzak Allahou Kheir

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